Voeux de moi, premier ministre de la CDI

 

LA CHRONOPOTAMIE démocratique et indépendante (CDI) 

Cédant à l’injonction générale — entendre ici celle de notre éminent Président —, votre très estimable et admirable Premier Ministre se fait un honneur et une joie infinie de vous adresser ses vœux les plus chaleureux pour cette année naissante, toute vierge encore, pleine d’innocence, et fleurant bon le parfum subtil de l’espérance et des nobles résolutions.

Le patron a souhaité que cette présentation revête des atours familiaux et un poil de nez consensuels. A ne point confondre, coquins et coquinettes, avec des poils de cons sensuels !

Ainsi, à vous, peuple chéri, je souhaite le bonheur, mais point seulement un simple et trivial bonheur de gueux, genre santé, prospérité, et autres niaiseries éculées, mais un Bonheur Parfait. Notez les majuscules mes petits chanceux ! Tel est notre engagement en CDI, ou la bienveillance et la générosité règnent sans limites.

Je suppose qu'à ce stade les majuscules ne vont pas suffire, et que notre vénéré président va trouver le discours un peu court, limite mesquin.

Mais je pense entrevoir ce qu'il veut.

J’ajouterai donc pour le même prix des vœux sacrés de paix universelle, d’amour, d’égalité, de fraternité et de partage — vertus cardinales dont la lumière, à n'en pas douter, guidera vos pas tout au long de cette année. 

Ecrivant cela, je me demande si notre auguste taulier ne nourrirait point, parfois, dans l’intimité de son rasage matinal, le rêve de devenir pape ? C'est une question, crois-je me souvenir, qui a déjà été évoquée. 

Mais, pour être tout à fait honnête, il est assez peu fréquent de surprendre Sa Sainteté actuelle en train d'enculer les anges, ni de se faire turlutripoter le schmilblick entre deux bénédictions.

Personnellement, je pense qu'il n'y a pas mort d'homme, et qu'il faut bien se détendre et se délasser un peu. Mais d'aucuns, plus chatouilleux du gland, pourraient considérer ces irrévérencieuses habitudes comme un léger frein à cette papale ambition.

Mais trêve de poésie. Revenons à des considérations plus réalistes : le 20 janvier, comme mentionné dans les vœux de notre président, notre « oncle Sam » préféré — entendre Sac à Merde — reprendra ses quartiers à la Maison Blanche, dont les murs, probablement, tremblent déjà.

En vérité, il m'attriste de songer que mes augustes vœux, formulés avec tant de noblesse et d'élan, pour vous, chers concitoyens, et pour l'harmonie universelle, pourraient rapidement se voir relégués à une plus modeste fonction de torche-cul. 

Cependant, mes illustres Chronopotamiens et miennes, sachez que le gouvernement de la CDI, - Géhèm, Anne, Rotpier, Photonanie, ainsi que votre humble serviteur - animé d'une résolution inébranlable et d'une sollicitude sans faille, demeurera pleinement engagé à vos côtés pour vous accompagner et vous soutenir dans l'affrontement des épreuves que le destin  pourrait jeter sur votre chemin.

Considérant ce que je suis payé, je crois que cela suffira.

Bonne année, et vive la CDI, vive not' bon roi, et mort aux cons  ...

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